Ce fut le dernier grand prix littéraire 2022 à dévoiler sa sélection de livres… et quelle sélection ! Le prix Médicis 2022 n’a pas fait les choses à moitié. Alors que ses grands frères ont tous boudé le roman de Virginie Despentes, voilà que celui-ci fait une entrée remarquée dans la course. Mais qui succèdera à Christine Angot ?
Alors que les prix littéraires dévoilent leur première sélection les uns après les autres, le prix Médicis 2022 a décidé de ne pas faire comme tout le monde. En choisissant de mettre en avant des livres de la rentrée littéraire oubliés de ses grands frères, le jury du prix Médicis marque son arrivée tonitruante dans la course. Comment les membres se sont-ils débrouillés ? On vous explique tout.
Tout d’abord, c’est le seul jury à avoir donné une chance à Cher Connard de Virginie Despentes. Tandis que les autres jugeaient que l’autrice à la carrière littéraire impressionnante n’avait pas besoin du coup de pouce d’un prix pour faire connaître son ouvrage, le prix Médicis en a jugé autrement – même si, rappelons-le, au départ, le prix avait été créé pour primer un jeune auteur au style novateur. Idem pour Commencements de Catherine Millet.
Mais rassurez-vous ! Le prix Médicis fait la part belle aux premiers romans avec En salle de Claire Baglin, Deux secondes d’air qui brûle de Diaty Diallo, Une mère éphémère d’Emma Marsantes et Tenir sa langue de Polina Panassenko. Plus surprenant encore du côté de la sélection des romans étrangers, le prix Médicis 2022 fait entrer un roman graphique, Le secret de la force surhumaine d’Allison Bechdel, dans la course !
En bref, une sélection audacieuse qui intrigue et relance les paris… mais qui succèdera à Voyage dans l’Est de Christine Angot ? Rendez-vous le 8 novembre prochain pour le découvrir ! En attendant, le jury du prix Médicis 2022 vous donne rendez-vous le 11 octobre prochain pour vous dévoiler sa deuxième sélection…
Prix Médicis 2022 : les 15 romans français en course
- Cher Connard de Virginie Despentes aux éditions Grasset
- La vie clandestine de Monica Sabolo aux éditions Gallimard
- Tenir sa langue de Polina Panassenko aux éditons de L’Olivier
- Deux secondes d’air qui brûle de Diaty Diallo aux éditions du Seuil
- En salle de Claire Baglin aux éditions de Minuit
- La Treizième heure d’Emmanuelle Bayamack-Tam aux éditions POL
- Un chien à ma table de Claudie Hunzinger aux éditons Grasset
- L’homme qui danse de Victor Jestin aux éditions Flammarion
- Le pays des ombres de Tristan Jordis aux éditions Stock
- Les presque sœurs de Cloé Korman aux éditions du Seuil
- Une mère éphémère d’Emma Marsantes aux éditions Verdier
- Commencements de Catherine Millet aux éditions Flammarion
- Un singe à ma fenêtre d’Olivia Rosenthal aux éditions Verticales
- Notre si chère vieille dame auteur d’Anne Serre aux éditions Mercure de France
- L’Épouse d’Anne-Sophie Subilia aux éditions Zoé
Prix Médicis étranger 2022 : les 12 livres en compétition
- Arpenter la nuit de Leila Mottley aux éditions Albin Michel
- Le magicien de Colm Toibin aux éditions Grasset
- Le rocher blanc d’Anna Hope aux éditions Le bruit du monde
- La ville des vivants de Nicola Lagioia aux éditions Flammarion
- En mémoire de la mémoire de Maria Stepanova aux éditions Stock
- L’autobiographie de Teddy d’Allen S. Weiss aux éditions Gallimard
- Nous, les Allemands d’Alexander Starritt aux éditions Belfond
- Euphorie d’Elin Cullhed aux éditions de L’Observatoire
- Le secret de la force surhumaine d’Allison Bechdel aux éditions Denoël graphique
- Mal d’époque de Maria Sonia Cristoff aux éditions du Sous-Sol
- Requiem de Gyrdir Elíasson aux éditions de La Peuplade
- Les abeilles grises d’Andreï Kourkov aux éditions Liana Levi
Les jurés du prix Médicis 2022 se sont donc réunis le mardi 11 octobre pour délibérer à nouveau. En plus de nous dévoiler les deuxièmes sélections des catégories romans français et romans étrangers, il sont également révéler leur sélection d’essais qui entrent dans la course. Et cette fois encore, le jury affirme son désir d’éclectisme en nommant des autrices stars de la rentrée littéraire comme Virginie Despentes ou Monica Sabolo et des autrices plus confidentielles comme Diaty Diallo par exemple. Du côté roman étranger, l’auteur ukrainien, Andreï Kourkov, reste dans la course avec son roman tragiquement visionnaire…
Les 8 romans français finalistes du prix Médicis 2022
- Cher Connard de Virginie Despentes aux éditions Grasset
- Un chien à ma table de Claudie Hunzinger aux éditons Grasset
- La vie clandestine de Monica Sabolo aux éditions Gallimard
- La Treizième heure d’Emmanuelle Bayamack-Tam aux éditions POL
- Deux secondes d’air qui brûle de Diaty Diallo aux éditions du Seuil
- Notre si chère vieille dame auteur d’Anne Serre aux éditions Mercure de France
- L’homme qui danse de Victor Jestin aux éditions Flammarion
- Un singe à ma fenêtre d’Olivia Rosenthal aux éditions Verticales
Les 8 romans finalistes du prix Médicis étranger 2022
- Arpenter la nuit de Leila Mottley aux éditions Albin Michel
- Les abeilles grises d’Andreï Kourkov aux éditions Liana Levi
- Le magicien de Colm Toibin aux éditions Grasset
- En mémoire de la mémoire de Maria Stepanova aux éditions Stock
- La ville des vivants de Nicola Lagioia aux éditions Flammarion
- L’autobiographie de Teddy d’Allen S. Weiss aux éditions Gallimard
- Requiem de Gyrdir Elíasson aux éditions de La Peuplade
- Mal d’époque de Maria Sonia Cristoff aux éditions du Sous-Sol
Les 10 essais qui entrent en course pour le prix Médicis 2022
- Le célibataire absolu de Philippe Bordas aux éditions Gallimard
- Tombeaux. Autobiographie de ma famille d’Annette Wieviorka aux éditions Le Seuil
- Tout garder de Carole Allamand aux éditions Anne Carrière
- Nos apocalypses de Clémence Bouloque aux éditions Stock
- Le musée, une histoire mondiale de Krzysztof Pomian aux éditions Gallimard
- Z comme zombie d’Iegor Gran aux éditions P.O.L
- Le témoin jusqu’au bout de Georges Didi-Huberman aux éditions de Minuit
- Les enfants endormis d’Anthony Passeron aux éditions du Globe
- À l’est des rêves de Nastassja Martin aux éditions de Les Empêcheurs de penser en rond
- Musée Marilyn d’Anne Savelli aux éditions Inculte
Et le prix Médicis 2022 revient à… Emmanuelle Bayamack-Tam pour La treizième heure
Le suspens a été levé le 8 novembre ! Le prix Médicis 2022 a été décerné à Emmanuelle Bayamack-Tam pour La Treizième heure aux éditions P.O.L. Un livre que la professeur de français voulait comme un hommage à la poésie. Fine observatrice et captivée par les mutations qu’impliquent – implicitement ou non – notre temps, l’autrice signe un livre qui oscille entre le plausible et l’extravagance…
Avec La Treizième heure, Emmanuelle Bayamack-Tam vous entraîne dans les pensées désordonnées d’une adolescente en pleine puberté. Un sujet vu et revu en littérature, mais… n’en soyez pas si sûrs ! Vivant au milieu d’une communauté millénariste dont son père est le Dieu – si l’on peut dire ainsi, Farah se questionne. Bouleversée par son identité et son genre, l’héroïne du roman oscille entre une once d’espoir et un sentiment de fin du monde. Si cela peut paraître étrange, cela ne l’est pas tant que ça quand on se rappelle les bouleversements que l’on traverse durant l’adolescence. Un livre qui se veut une poétique de la liberté actuelle, mais atypique. Jeu de piste psychologique ou long poème lancinant, difficile à dire, mais il n’empêche que les critiques sont unanimes. La Treizième heure ne démérite pas son prix Médicis 2022.
En ce qui concerne le prix Médicis étranger, il a été décerné aux Abeilles grises d’Andreï Kourkov, un auteur ukrainien qui semble avoir écrit une prophétie tragique en nous immergeant dans les affrontements aux confins du Donbass. La relation entre les deux héros du roman se veut le miroir d’un pays dramatiquement divisé où l’œil russe est partout… Sorti en français quelques jours avant la Russie ne déclare la guerre à l’Ukraine, Les abeilles grises est un livre qui résonne cruellement avec l’actualité politique.
Pour terminer son palmarès 2022, le jury du prix Médicis a décidé de couronner l’essai de Georges Didi-Huberman intitulé Le témoin jusqu’au bout. Un essai consacré à Victor Klemperer, le philologue qui a décidé de rester à Dresde sous le nazisme afin d’étudier les mutations de la langue allemande sous le régime totalitaire d’Hitler.
