Trois bonnes raisons de relire Le journal d’Anne Frank

Le journal d’Anne Frank est l’un des livres les plus lus au monde. Et pour cause, il se fait le reflet d’une période tristement célèbre de l’histoire vue par les yeux innocents d’une adolescente. S’il est aujourd’hui beaucoup relu, c’est parce qu’il fait étrangement écho à la situation que nous sommes en train de vivre. Enfin… dans une certaine mesure, bien entendu !

Si le coronavirus rôde invisiblement dans nos rues, il ne menace pas de venir frapper à notre porte à coups de grosses bottes. Notre confinement n’a rien à voir avec celui qu’a vécu Anne Frank il y a 75 ans de cela. Ne comparons pas l’incomparable… Nous ne sommes pas des juifs menacés d’extermination par un gouvernement antisémite absurde.

Le journal d'Anne Frank

L’idée n’est pas de nous miner le moral davantage, nous avons bien assez à nous préoccuper en ce moment. Mais finalement, la relecture du journal autobiographique de l’adolescente n’est pas si déprimante. Anne Frank saura faire sourire les lecteurs à de nombreuses reprises. En effet, son journal intime recèle de moments de vie qui font encore étrangement échos aujourd’hui. Les problèmes d’ados restent finalement les mêmes, peu importe l’époque dans laquelle nous vivons. Pas étonnant donc que l’ouvrage se soit retrouvé dans les livres audio les plus téléchargés durant ce confinement.

Certains pans de ce journal intime pourront facilement raisonner chez les adolescents d’aujourd’hui – et plus largement chez tous les lecteurs confinés – « Comme nous avons la vie facile ici, facile et tranquille. Nous n’aurions pas à nous inquiéter de toute cette détresse, si nous ne craignions pas tant pour tous ceux qui nous sont chers ». Cela ne vous rappelle-t-il pas quelque chose ?

Quand le journal intime d’une ado se fait le miroir du passé

La situation que nous sommes en train de vivre est inédite. Mais quand on y réfléchit cinq minutes, elle n’est plus si exceptionnelle que cela… En effet, nous ne sommes pas les premiers à devoir rester enfermés chez nous afin de se protéger. Si nous nous préservons d’un virus, d’autres se cachaient d’un danger bien plus menaçant…

L’histoire d’Anne Frank et de sa famille est désormais connue de tous. Lire son journal ne relève d’aucun suspens, chacun connaît la triste issue que prendra la vie de l’adolescente. Née le 12 juin 1929 à Francfort-sur-le-Main en Allemagne, elle est devenue l’égérie de toute une génération de jeunes gens sacrifiés. C’est peut-être ce qui explique pourquoi ce livre continue d’être ouvert par les générations qui se succèdent. Le journal d’Anne Frank représente désormais un objet de notre mémoire collective.

Mais peut-être que ce n’est pas la seule raison… En effet, son journal intime relate des moments de vie par lesquels nous passons tous pendant l’adolescence… Vous l’aurez compris, Le journal d’Anne Frank nous confronte à nous-mêmes. Tiens, n’est-ce pas justement ce par quoi nous sommes en train de passer ?

Mais alors, de quoi parle exactement ce journal ? C’est l’histoire d’une jeune fille juive qui relate la vie de sa famille cachée aux Pays-Bas derrière une bibliothèque d’Amsterdam. L’endroit est exigu et laisse peu de place à l’intimité. Elle y raconte ses premiers amours, ses disputes avec sa mère, ses envies et ses périodes d’ennui total qu’elle rêverait de partager avec ses amis…. Le journal intime prend fin le 1er août 1944 soit quelques jours seulement avant que leur cachette ne soit découverte et que la famille Frank soit déportée dans le camp de concentration de Bergen-Belsen.

Le journal d’Anne Frank : un récit de vie intemporel

La situation vécue par Anne et sa famille était exceptionnelle mais certaines anecdotes de son confinement ne seront pas sans vous rappeler le vôtre. Après tout, avant d’être une figure emblématique de l’Holocauste, Anne était surtout une adolescente comme toutes les autres. Ses problèmes étaient donc d’ordre pragmatique et non existentiel. Bien sûr, la Seconde Guerre mondiale continuait de faire rage à l’extérieur mais c’est surtout sa vie de jeune fille confinée qu’elle a raconté à sa « chère Kitty » dès le 12 juin 1942. Durant les deux années qui vont suivre, Anne va confier à Kitty, son amie imaginaire, tous les petits riens qui vont rythmer sa vie en huis clos.

Alors que les journaux virtuels de confinement ne cessent d’apparaître de part et d’autre du globe, on peut citer celui d’Anne Frank comme un précurseur du genre. Sauf que la jeune fille est née au 20ème siècle et c’est donc avec une plume et de l’encre qu’elle nous détaillait son confinement. Elle y raconte ses angoisses, ses espoirs, ses joies et ses peines. Resserrer les liens familiaux, dîtes-vous ? Ce n’est pas toujours aussi simple… « Tout le monde en veut à tout le monde, joyeuse ambiance n’est-ce pas ? La liste bien connue des péchés d’Anne a été remise sur le tapis dans toute son ampleur ».

Le journal d'Anne Frank

L’un des principaux moteurs du journal est la relation compliquée qu’entretient Anne avec sa mère. Si elle voue une admiration sans borne à son père, elle ne peut s’empêcher d’avoir des ressentiments envers sa mère qui ne la comprend pas. Qui n’est jamais passé par là pendant l’adolescence ? Anne n’épargnera personne. Elle décrit, avec une maturité déconcertante, les problèmes que tous les adolescents rencontrent un jour ou l’autre.

Rien n’échappe à son regard perspicace. De la stupidité des garçons indécis à la prise de poids constatée après quelques semaines sans activité physique « j’ai pris 17 livres, énorme, non ? », Anne décrit un quotidien qui nous est aujourd’hui familier. Même l’école à la maison est abordée ! À la différence près qu’Anne est ravie de pouvoir continuer d’étudier. Ne vous cachez pas, on sait bien que ce n’est pas le cas de tout le monde. En bref, si l’on oublie la situation dans laquelle se trouvait l’adolescente, sa vie pourrait, à s’y méprendre, se confondre avec celle que nous vivons en ce moment même.

Les secrets d’Anne Frank pour apprendre à relativiser la situation actuelle

S’il est particulièrement intéressant de relire les lignes écrites par une adolescente il y a plus de 75 ans, c’est pour relativiser une situation qui peut se révéler angoissante. Bien sûr, l’air frais nous manque ainsi que nos familles ou nos amis et c’est précisément pour cela que la relecture du Journal d’Anne Frank peut s’avérer un véritable réconfort. En lisant ces lignes, on se rend compte que nous sommes tous humains. Avec nos forces et nos faiblesses.

Si le journal de l’adolescente nous permet de relativiser, c’est aussi et surtout, parce que notre confinement a une date de fin. Certes, elle n’est pas la même pour tout le monde, elle est floue, elle fait peur parce que personne ne sait que nous réserve le monde d’après mais une chose est sûre, il y aura une fin. Anne n’a jamais eu cette note d’espoir à laquelle se raccrocher mais elle n’a jamais cessé d’espérer pour autant.

Aussi jeune était-elle, Anne a su faire preuve d’une force de caractère étonnante. Pourtant, il lui arrivait de se sentir coupable « Je me sens mauvaise d’être dans un lit bien au chaud alors que mes amies les plus chères, quelque part au-dehors, ont été jetées par terre ou se sont effondrées » mais elle ne s’attardait jamais bien longtemps sur ses pensées négatives. La vie continuait. Et finalement, c’est parce que l’on se sent proche d’Anne Frank que son destin tragique est aussi déchirant.

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