Juan Marsé : l’auteur espagnol est décédé

C’est ce samedi 18 juillet que nous apprenions la disparition de Juan Marsé. Lauréat du prix Cervantes 2008, l’auteur espagnol était un écrivain de talent qui avait pour philosophie de dire que la littérature était « un règlement de compte avec la vie »…

La triste nouvelle nous est parvenue ce dimanche… Juan Marsé, auteur éminent catalan, nous a quittés dans la journée du samedi 18 juillet à l’âge de 87 ans. Auteur espagnol à la plume audacieuse et incisive, il aura signé pas moins de quinze romans, deux recueils de nouvelles et quelques essais. Pourtant, rien ne l’avait préparé à une telle carrière…

Adieu la vie, Adieu la mort : livre Juan Marsé

À l’âge de treize ans, il décide d’arrêter ses études pour devenir… ouvrier en joaillerie ! À l’époque, s’il est déjà attiré par la littérature, il est fier de pouvoir aider financièrement sa famille. Mais surtout, il est ravi d’échapper à une école qui le forçait à chanter le Cara al Sol, l’hymne franquiste de l’extrême droite.

Juan Marsé naît le 8 janvier 1933 à Barcelone. S’il ne s’en souvient pas, sa naissance donne lieu à un drame. Sa mère décède peu après l’accouchement et son père décide de donner le bébé à un couple sans enfant. Le petit Juan est élevé par une infirmière et un dératiseur de cinéma. Mais loin d’avoir eu une enfance malheureuse, il gardera un souvenir vivace des quartiers pauvres de Barcelone. Une ville qui restera toujours chère à son cœur et à qui il dédiera, d’ailleurs, plusieurs de ses ouvrages dont Adieu la vie, Adieu l’amour.

C’est à 24 ans qu’il écrit l’ébauche de son premier roman, Enfermés avec un seul jouet, alors qu’il est en plein service militaire. Un livre qui va littéralement souffler la critique littéraire d’alors puisque « tous les écrivains, du moins à Barcelone, étaient issus de la bourgeoisie » selon les propres mots de Juan Marsé. Mais loin de renier ses origines catalanes, l’auteur espagnol ne cessera de faire jouer une dualité, entre ses deux cultures, au sein même de ses textes.

Un auteur espagnol à Paris : Teresa l’après-midi

Le saviez-vous ? Juan Marsé a vécu pendant quelques années à Paris. En effet, entre 1960 et 1965, il exerce des métiers divers dont celui de garçon de laboratoire à l’Institut Pasteur mais surtout celui de professeur d’espagnol. C’est ainsi qu’il fit la rencontre de Teresa, la fille du célèbre pianiste, Robert Casadesus. Cette jeune femme lui inspirera le personnage de son second roman, Teresa l’après-midi. Cependant, loin de faire l’unanimité, le roman de l’auteur espagnol a choqué de nombreux lecteurs…

La trame du livre repose sur la relation transgressive entre un fils de pauvre et une étudiante des quartiers chics. Une œuvre qui fut jugée inacceptable pour l’Espagne de Franco. La censure sentencieuse ne tarde pas à décréter le roman comme immoral et gauchiste. Et effectivement, l’auteur espagnol ne fait pas dans la dentelle quand il critique avec amertume une jeunesse dorée déconnectée de la réalité du quotidien des prolétaires.

En bref, Juan Marsé n’a jamais eu sa langue dans sa poche et ce, peu importe les tentatives de la censure de Franco pour le faire taire. Et il aura eu raison puisqu’en 2008, il recevra le très prestigieux prix Cervantès (considéré comme le prix Nobel de littérature espagnol) pour l’ensemble de son œuvre. C’est à cette occasion qu’il se revendiqua comme un « amoureux inconditionnel de la fiction » qui, selon lui, faisait plus de sens que la vie réelle…

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