Un dernier soir à Pékin de Golo Zhao : un voyage sensoriel à la conquête des souvenirs

Avec Un dernier soir à Pékin de Golo Zhao, offrez-vous un voyage sensoriel à la conquête des souvenirs. Une nouvelle tranche de vie teintée d’amour et de mélancolie lancinante qui interroge l’influence de nos choix passés sur notre futur… En bref, une déambulation poétique inoubliable à lire absolument !

Après La plus belle couleur du monde l’année dernière, les éditions Glénat vous présentent un nouveau manga signé de la main Golo Zhao : Un dernier soir à Pékin… et le charme opère à nouveau ! Tenir ce manga entre les mains offre un plaisir indéniable tant le travail éditorial est de qualité. Le texte est très bien travaillé afin de faire ressortir les couleurs du graphisme bien particulier de Golo Zhao.

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Nous rencontrons He Liu alors qu’il discute avec une jeune femme dont nous ne voyons pas le visage immédiatement. Au fil de la discussion et de la soirée qui défilent, nous sommes plongés dans le passé qui s’illustre par un fond noir pour faire contraste au fond blanc du début de l’histoire. De prime abord, les couleurs du présent semblent douces au contraire du passé qui semble plus sombre… Mais ne vous y méprenez pas ! C’est beaucoup plus complexe que cela…

Un dernier soir à Pékin

Quand nous rencontrons He Liu, il s’apprête à aller voir un film avec quelqu’un que nous identifions rapidement comme une jeune femme… sans jamais la voir pour autant. Le titre du manga nous laisse rêveurs, il nous questionnera d’ailleurs jusqu’à la toute dernière page. Le temps présent est doux, il nous donne envie de profiter de l’instant en flânant dans les rues tout en évoquant quelques souvenirs. En revanche, le passé nous apparaît plus âpre… mais c’est sans doute un brin trompeur.

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Nous nous baladerons assez peu dans le présent, finalement. À chaque nouveau pas et nouvelles odeurs de nourriture, la mémoire du héros est réactivée et nous plonge dans le passé. C’est beau et touchant à la fois.

Golo Zhao nous rappelle que ce sont les rencontres qui forgent le destin

En racontant ses souvenirs à la jeune femme, la flamme du passé de He Lui se ravive progressivement. Il nous fait alors revivre des instants de vie au fur et à mesure qu’ils lui viennent… donc pas forcément dans l’ordre chronologique de sa vie. Au gré de ses souvenirs, on se rend compte que nos choix de vie s’avèrent compliqués, peu importe l’âge que nous avons. Un rien suffirait à nous faire basculer du bon ou du mauvais côté du chemin « On fait tous des choix. Parfois, la conséquence est positive. Parfois, elle est négative. C’est aussi simple que cela ». On se rend compte, également, que parmi tous les gens qui croisent notre route, seuls peu restent à nos côtés. Au fil du temps, le lien se brise…

« La vie ne se résume pas à des succès ou des échecs. Dès lors qu’on fait ses propres choix, on devient le héros de sa propre histoire »

He Liu nous fait comprendre que sa situation familiale l’a fait sombrer, mais que d’autres personnes lui ont redonné la volonté de se raccrocher aux wagons du train de la vie. Que ce soit dans une ville ou une autre, à différents moments de son enfance, les rencontres se succèdent pour le forger et donner toute sa consistance à l’adulte qu’il est devenu.

Un dernier soir à Pékin : le récit d’un passé douloureux ?

Si on ne ressent pas toujours toutes les spécificités qui constituent la société chinoise, les différences flagrantes entre les classes sociales ne peuvent que nous prendre aux tripes. On en voit un exemple flagrant à travers une ville minière qui n’a pas évolué avec son temps et qui, invariablement, se décrépit… La situation économique du pays est très difficile. He Liu n’a pas eu la chance de naître du bon côté de la barrière et, toute sa vie, il devra se battre pour améliorer sa condition sociale. Au travers de ses souvenirs, on se rend compte des difficultés de vie dans cette ville qui nous apparaît comme sombre, presque glauque, où des meurtres sont régulièrement perpétrés tandis que la situation économique s’avère de plus en plus désastreuse.

Mais, loin de nous brosser un portrait uniquement péjoratif, Golo Zhao nous rappelle qu’il y a de bons moments et de belles rencontres…

Un dernier soir à Pékin : comment se souvenir de son passé ?

Les souvenirs ne sont pas linéaires, il sont composés de trous, de choses qu’on a voulu oublier, de choses qui ont changé… En effet, n’oublions pas qu’il existe une différence entre la manière dont on se souvient des choses et la manière dont elles se sont réellement passées.

« Quand on se remémore le passé, on a tendance à jeter un voile pudique sur les événements qu’on préfère oublier. On cache instinctivement les blessures qu’on a subies. Quand on déterre le passé, on se montre sous son meilleur jour en dissimulant les vérités qui fâchent »

C’est pourquoi, au cours du récit, nous nous retrouvons face à quelques surprises. En repensant à certaines choses, avec du recul, il est facile d’interpréter ce qu’il s’était passé à l’époque. He Liu est parfois aidé par son interlocutrice qui lui fait remarquer quelques incohérences. Mais, il est difficile de se souvenir de tout, He Liu est comme nous autres… il ne se souvient que de ce qui l’a vraiment marqué. Pourtant, son passé ne cesse d’éclaircir la personne qu’il est devenu. Ses souvenirs expliquent ses choix d’hier, d’aujourd’hui et de demain, des choix qui défient parfois toute logique.

Un manga à la fin surprenante

Tout au long du chemin, nous prenons un grand plaisir à suivre la vie de He Liu au travers de ses souvenirs. Mais pourquoi subitement se replonger dans son passé ? Eh bien tout simplement pour faire un nouveau choix. Le bon. Au fur et à mesure de la conversation entre le jeune homme et la jeune femme, on comprend qu’ils sont à l’aube de prendre une décision importante.

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Cependant, afin de saisir tous les enjeux de cette histoire, la dernière partie du livre nous plongera, cette fois-ci, dans les souvenirs de la jeune femme…

Un dernier soir à Pékin : qu’est-ce que j’en ai pensé ?

C’est toujours un réel plaisir de replonger dans une histoire de Golo Zhao. Il capture si bien la douceur et l’amertume de la vie. Suivre cette valse des souvenirs dans les rues de Pékin nous permet de mieux appréhender He Liu sans jamais rien savoir de sa vie actuelle.

En bref, Un dernier soir à Pékin est un manga sur les choix de vie et sur le passé qui tend à définir notre présent et notre futur. La situation de He Liu et de cette jeune femme rappelle subtilement le contexte social de la Chine dans lequel ils ont grandi… Vous l’aurez compris, si ce n’est pas déjà fait, l’œuvre de Golo Zhao est vraiment à découvrir !

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