Inauguré dans le milieu des années 1920, le Black history month est désormais célébrer chaque mois de février afin de commémorer de manière objective l’histoire de la communauté noire. Pour ne pas changer nos bonnes habitudes, nous avons décidé de vous faire découvrir cet événement à travers la littérature…
Encore invisible en France, le Black history month est pourtant célébré en grande pompe outre-Atlantique. Majoritairement commémoré aux États-Unis et au Canada, le mois de février de chaque année nous rappelle l’importance de nous remémorer l’histoire des Noirs. Et c’est d’autant plus vrai en 2021 ! Après le décès de George Floyd en mai dernier, de nombreuses voix se sont élevées à travers le monde pour dénoncer les violences policières et, plus largement, la ségrégation raciale qui continuent de sévir à travers le monde.
À l’instar des populations autochtones comme les Inuits, la communauté noire fut longtemps persécutée et réduite à l’esclavage. Exilée de force en Amérique du Nord, elle est maintenant chassée, voire stigmatisée, par l’ensemble de la collectivité blanche. Rejetée et parquée dans des ghettos, elle reste encore aujourd’hui une population martyre, coupable, souffre-douleur. Preuve en est avec le mouvement du Black lives matter qui a retenti de manière foudroyante au printemps dernier. Nombreux sont désormais ceux à défiler pour la cause des Noirs en arborant fièrement leur tee-shirt « Black lives matter ». Pas étonnant donc que certains livres de la rentrée littéraire de septembre dernier, comme Alabama 1963 de Ludovic Manchette et Christian Niemec ou encore Nickel Boys de Colson Whitehead, se soient retrouvés parmi les meilleurs livres 2020.
Cependant, n’oublions pas qu’avant de devenir l’allégorie d’une lutte, les victimes étaient des hommes, des femmes, des fils, des filles, des époux… Et aucun autre livre que celui de Jay Coles n’illustre mieux cette dualité. Avec Tyler Johnson était là, un livre jeunesse à découvrir dès l’âge de 12 ans, l’auteur nous rappelle avec tristesse et fracas qu’être noir dans une Amérique blanche n’est jamais de tout repos. Alors, quand le frère jumeau de Marvin disparaît après une descente de police, Tyler ne renoncera devant rien pour que son frère s’inscrive humainement dans la mémoire des gens. Parce que Marvin était plus qu’un simple fait divers…
Que signifie le Black history month en 2021 ?
Au fil du temps, le Black history month est devenu un symbole de commémoration de l’histoire des Noirs. Mais connaissez-vous vraiment ses origines ? Tout débute avec un Afro-Américain du nom de Carter G. Woodson qui déplorait l’absence de contribution de ses ancêtres à l’histoire nationale « Si une race n’a pas d’histoire, si elle n’a pas de tradition valable, elle devient un facteur négligeable dans la pensée du monde, et elle risque d’être exterminée ». Pour lui, les Afro-Américains doivent maîtriser leur histoire pour devenir des citoyens influents. Professeur d’histoire, c’est en 1926 qu’il lance le concept de la Negro history week.
Mais… pourquoi février nous direz-vous ? Eh bien, tout simplement parce que ce mois marque l’anniversaire de la naissance d’Abraham Lincoln, le président des États-Unis qui a mis fin à l’esclavage en 1863. Mais il correspond également à la date anniversaire du décès de Frederick Douglass, un ancien esclave devenu abolitionniste.
Ce n’est qu’en février 1976 que la semaine de l’histoire des Noirs se transforme en mois de l’histoire des Noirs sous l’impulsion du président américain, Gérald Ford. Il conservera le mois de février en hommage à tous les hommes noirs qui ont marqué l’histoire par leurs couleurs de peau, mais surtout par leurs actes. En effet, c’est en février 1965 que Malcom X fut assassiné. Vous l’aurez compris, le mois de février est un symbole fort de l’histoire des Noirs.
Si le Black History month ne reçoit qu’un faible écho en France, les lecteurs se sont naturellement tournés vers les œuvres qui dénoncent le racisme suite aux différents événement tragiques qui ont secoué l’actualité de ces derniers mois. Preuve en est ! Le dernier livre de Barack Obama, Une terre promise, a rencontré un succès immense à sa parution en novembre dernier.
Finalement, s’il y a une chose que les derniers mois nous aurons apprise, c’est que la bataille entre racisme et antiracisme est loin d’avoir trouvé son point final. Et si l’histoire nous a enseigné une chose, c’est que la communauté noire mérite de faire entendre sa voix. Et quelle meilleure manière de le faire qu’au travers des livres ?
Nos conseils lecture pour le Black History month
Americanah de Chimamanda Ngozi Adichie
L’intrigue imaginée par Chimamanda Ngozi Adichie est une histoire d’amour comme il y en a tant d’autres… Deux êtres séparés par la distance qui espèrent, en se quittant, se retrouver un jour. Mais lorsqu’Ifemelu quitte le Nigéria pour aller étudier à Philadelphie, elle est loin d’imaginer la xénophobie dont elle va être victime. Et bientôt, une question s’impose à elle… Comment rester soi-même lorsque votre couleur de peau prend une importance que vous ne lui aviez jamais accordée ?
Irrévérencieuse, presque provocatrice, l’autrice fait dangereusement valser le politiquement correct avec les préjugés raciaux. En effet, pendant plus de quinze ans, Ifemelu tentera de trouver sa place dans un pays profondément marqué par le racisme et la discrimination. Un pays où ses cheveux crépus deviennent une cause de moquerie… Et finalement, ce que dénonce avec virulence Chimamanda Ngozi Adichie, ce n’est pas tant la violence, mais plutôt le mépris, celui qui s’installe insidieusement dans nos cultures et nos sociétés… En bref, un livre aussi drôle que complexe qui conduira les lecteurs à une réflexion intéressante sur la peur de l’autre.
Blanc autour de Wilfrid Lupano
Le titre de la nouvelle bande dessinée de Wilfrid Lupano est plutôt évocateur, n’est-ce pas ? Inspirée d’une histoire vraie, celle de Prudence Crandall, Blanc autour vous entraîne dans le ventre de l’Amérique ségrégationniste. Bienvenue en 1832, à Canterbury, une petite ville puritaine du Connecticut, où une enseignante va oser accueillir dans sa classe, Sarah, une jeune fille noire… Vous sentez les problèmes arriver ?
En effet, la population locale blanche voit cette exception comme une menace… Tous sont encore sous le choc de l’insurrection sanglante menée par Nat Turner, un ancien esclave instruit. Désormais, instruction rime insurrection ! Dans une ville ravagée par le racisme, Sarah va devoir se battre pour faire valoir son droit à l’éducation et à l’envie de comprendre le monde. En bref, une bande dessinée inspirante, féministe, révoltante mais terriblement émouvante. En un mot : percutant !
La haine qu’on donne d’Angie Thomas
Voici un roman jeunesse qui devrait inspirer les plus jeunes militants contre le racisme. Véritable phénomène, La haine qu’on donne a connu un élan de popularité après le décès de George Floyd. À l’ère du mouvement Black live matter, nous sommes sûrs que le livre d’Angie Thomas saura toucher vos adolescents militants. En bref, une lecture salutaire dans le contexte actuel.
Starr, une jeune fille noire de seize ans, vit dans un quartier difficile. Un quartier dicté par les guerres entre gangs et les descentes de police. Dans ce monde rythmé par la violence, le lycée devient son seul refuge. Quand elle franchit la frontière de son quartier, elle devient une autre personne. Mais bientôt, son monde vole en éclats quand elle assiste, impuissante, à la mort de son meilleur ami tué par un policier. Ces deux univers entrent en collision et il lui faudra faire preuve d’un immense courage pour rendre justice à son ami… Pourtant, Starr n’hésitera pas longtemps avant de se relever et d’élever sa voix colorée dans un monde où elle ne compte pas. Une jeune fille qui force l’admiration et un roman saisissant de cruauté qui résonne tristement avec notre actualité…