Le livre des sœurs : Amélie Nothomb tisse une histoire d’amour fraternel

Rentrée littéraire de septembre 2022 oblige… impossible de ne pas vous parler du dernier livre d’Amélie Nothomb ! Après Premier sang, prix Renaudot 2021, l’autrice belge revient sur la scène littéraire avec un nouveau livre sur la famille… mais attention ! Elle l’a dit et redit… Le livre des sœurs – bien qu’il soit un livre tout aussi bouleversant que le précédent – n’est pas un roman autobiographique. Ne voyez donc aucun écho entre l’histoire de Tristane et Laetitia et celle de l’autrice et sa sœur, Juliette.

Toujours fidèle à sa maison d’édition, Albin Michel, c’est le 17 août prochain que vous pourrez, enfin, découvrir ce nouveau roman – un livre bien que, très attendu, ne sonne désormais plus comme une surprise. Cependant, une fois de plus, Amélie Nothomb frappe fort. Si, comme à son habitude, elle n’a laissé qu’une seule et unique phrase énigmatique, « Les mots ont le pouvoir qu’on leur donne », histoire de vous mettre l’eau à la bouche, nous avons enquêté entre les lignes pour vous en dévoiler un peu plus…

Le livre des sœurs ou comment Amélie Nothomb esquisse le commencement d’une tragédie

Amélie Nothomb n’y va jamais par quatre chemins… Et ce n’est certainement pas avec Le livre des sœurs qu’elle viendra déroger à la règle. Bien plus que nous conter une histoire fusionnelle entre deux sœurs, l’autrice belge détaille avec une précision – presque dérangeante – comment la famille s’esquisse comme le berceau des tragédies de tout un chacun. À peine venus au monde, nous voilà tous assignés à un rôle qu’on le veuille ou non. Malheureusement, nous ne sommes pas tous chanceux à la distribution du destin et ce n’est certainement pas Tristane et Laëtitia, les héroïnes du roman, qui vous diront le contraire…

Il faut dire que, si les deux sœurs sont le fruit d’un amour passionnel, elles sont aussi le résultat d’une pression sociale envahissante. Eh oui ! Dans les années 80 – et encore aujourd’hui, d’un couple devait découler des enfants. Et ainsi vint au monde Tristane… et le début des ennuis. Pourtant tout avait commencé comme dans un conte de fées… Quand Florent rencontre Nora, c’est le coup de foudre est instantané. Absolu. Ils sont l’évidence l’un de l’autre et rien ne semble pouvoir pénétrer leur bulle amoureuse… pas même leurs deux filles.

Si le lecteur ne peut se résoudre à conclure que Florent et Nora n’aiment pas leurs filles, il comprend vite – au même titre que les deux petites filles – qu’il ne faut surtout pas perturber leur bonheur. Tristane, une enfant brillante, s’élève donc seule jusqu’à devenir autodidacte. Un savoir qu’elle cultive et qu’elle entretient précieusement pour le transmettre à sa sœur, Laetitia. La relation entre les deux fillettes devient rapidement aussi intense que celle qu’entretiennent leurs parents. Elles forment un tout. Invincible. Infaillible.

« Deux âmes se découvrirent et résonnèrent l’une et l’autre. Deux planètes s’alignèrent de manière si exacte que s’éleva, audible pour ces seules enfançonnes, une musique qui ne devait jamais s’assourdir »

L’amour qui lie les deux sœurs s’avère être un bouclier contre la désaffection parentale. Vous l’aurez compris, Le livre des sœurs est bien plus qu’une simple une histoire de famille. Dans son livre, Amélie Nothomb oppose deux histoires d’amour fusionnelles : celle des parents qui ne vivent que l’un pour l’autre et celle de deux sœurs qui s’aiment pour de belles raisons. Au fil des pages et de l’écriture envolée de l’autrice belge, le drame se dessine immuablement sous les yeux du lecteur… En bref, une ode à l’amour fraternel aussi poignante que touchante.

« Venait alors ce moment exquis entre tous : se réveiller ensemble. Échapper de concert au charme, se sentir à la fois alourdie et améliorée, empesée d’une charge de douceur, et étreindre la sœur dans le même état que soi, saisissement conjoint de l’autre et de l’identique. Un tel instant se savourait très longtemps »

Le livre des sœurs : la nostalgie des années 80

Si les références littéraires sont très nombreuses dans le nouveau livre d’Amélie Nothomb, elles ne sont pas les seules ! L’autrice nous dévoile – involontairement – une nouvelle facette de sa personnalité en nous ramenant au plein cœur des années 80 où la musique rythmait le quotidien de tout un chacun. Vous l’aurez compris, les références musicales foisonnent si bien que ces dernières deviendraient presque un personnage à part entière.

En effet, la musique battra le rythme frénétique des pages jusqu’à la toute dernière ligne. Peut-être que, pour échapper à leur destin dramatique, Tristane et Laetitia se réfugient dans la musique… Et quand l’écouter ne devient plus suffisant, elles la produiront. Et ainsi naquit, de leurs rêves avortés, « Les Pneus », un groupe de hard rock qui donnera le ton à tout le roman…

Avec Le livre des sœurs, Amélie Nothomb reste égale à elle-même et nous donne à lire un roman foisonnant tant par ses références culturelles que par les émotions par lesquelles elle nous fait passer.