En 1969, Maya Angelou publie Je sais pourquoi l’oiseau chante en cage, le premier volume de son cycle autobiographique. C’est sans détour et avec une force narrative inégalable qu’elle nous plonge dans la vie d’une enfant noire des années 1931 à 1945…
L’histoire de Je sais pourquoi l’oiseau chante en cage se présente comme un roman initiatique qui débute lorsque Maya Angelou, née Marguerite Annie Johnson, est âgée de trois ans seulement. C’est alors qu’elle part vivre avec son frère aîné dans l’Arkansas chez sa grand-mère après que ses parents, en phase de divorce et rencontrant des difficultés financières, ne soient plus en mesure de s’occuper d’eux. Le livre s’achève lorsqu’elle est âgée de dix-sept ans. Figure emblématique de l’histoire des États-Unis, Maya Angelou s’est engagée corps et âme dans la littérature noire américaine du 20ème siècle afin, entre autres, de dénoncer la ségrégation raciale.
En retraçant son quotidien de jeune fille tout en appuyant sur ses sensations et ses émotions, Maya Angelou nous fait découvrir son regard pénétrant sur la société de l’époque, dénonçant alors le racisme et le sexisme auxquels elle doit faire face jour après jour « Si grandir est pénible pour une petite fille noire du Sud, être conscient de sa non-appartenance, c’est la rouille sur le rasoir qui menace la gorge ». Maya est confrontée à un pays et une époque où être d’origine afro-américaine vous exclut inévitablement de la « bonne société » et vous destine à un avenir de cuisinière ou femme de ménage au service des Blancs.
Inévitablement, elle est rangée dans une cage de couleurs qui la confronte quotidiennement à un racisme inflexible : les enfants blancs passent leur temps à humilier sa grand-mère quand ils entrent dans son épicerie, le dentiste refuse de soigner Maya pour sa couleur de peau, les travailleurs surmenés des champs de coton qu’elle rencontre souvent au magasin de sa grand-mère. Vous l’aurez compris, dans l’Amérique du début des années 40, le racisme anti-Noirs et la ségrégation raciale flottent impitoyablement dans l’air.
Pourtant, la jeune femme qu’elle était ne manquait pas d’exemples. En effet, Maya Angelou a eu la chance de grandir entourée de figures féminines fortes. Sa grand-mère, afro-américaine également, possède et gère un commerce tout en étant propriétaire de terres sur lesquels vivent des Blancs. Si sa mère est effacée du récit, elle lui a néanmoins appris à se respecter, mais surtout, à être une femme libre et indépendante. L’accès à de nombreux livres lui permet aussi de choisir sa voie et de faire entendre sa voix. Est-ce ces exemples de femmes fortes qui l’ont poussée à avancer avec détermination et se battre pour ses idéaux ? Sans aucun doute.
« La vie te donnera exactement ce que tu y apporteras. Mets tout ton cœur dans tout ce que tu fais, prie et puis attends »
Je sais pourquoi l’oiseau chante en cage est un livre qui se fait à la fois un recueil de souvenirs, un chemin initiatique, une évolution fulgurante et un apprentissage cruel. On assiste à des moments de bonheur, mais également à des traumatismes innommables, dont le viol subit par son beau-père lorsqu’elle était âgée de 8 ans seulement, le mutisme, la culpabilité et le choc qui s’en suivent…
En bref, Je sais pourquoi l’oiseau chante en cage est un récit poignant, le portrait d’une femme en devenir, en lutte, qui nous incite à vouloir lire les tomes suivants pour connaître le futur de cette femme hors du commun. C’est pourquoi je ne peux que vous conseiller de vous plonger dans Rassemblez-vous en mon nom, Tant que je serai noire puis Un billet d’avion pour l’Afrique.
« L’oiseau en cage chante avec un trille effrayant des choses inconnues mais désirées encore. Et son air se fait entendre sur la colline lointaine car l’oiseau en cage chante la liberté »
j’espère que vous réussirez à être professeur des écoles.