Luis Sepúlveda : l’écrivain chilien succombe au coronavirus

La nouvelle est tombée le 16 avril dernier. L’écrivain chilien Luis Sepúlveda, est décédé après avoir contracté une forme sévère du coronavirus.

mort luis sepulvedaC’est en Espagne, à Oviedo, où il vivait avec son épouse depuis quelques années que Luis Sepúlveda s’est éteint, à l’âge de 70 ans, ce 16 avril dernier. Il avait contracté le Covid-19 lors de son voyage au Portugal en février. Si l’écrivain chilien nous a quittés, il laisse derrière lui une bibliographie fournie et empreinte de combats engagés. Luis Sepúlveda, fait prisonnier sous la dictature de Pinochet, n’a jamais cessé de militer pour les causes qui lui tenaient à cœur.

La vie de Luis Sepúlveda fut marquée le voyage

On pourrait qualifier Luis Sepúlveda d’auteur expatrié, mais cela ne serait pas tout à fait exact. Si sa vie est marquée par le voyage, c’est à l’exil forcé qu’il se retrouve condamné. La vie de l’auteur fut ponctuée par de nombreux rebondissements si bien que l’on pourrait presque pousser le vice jusqu’à dire qu’il a en vécu plusieurs avant de finalement venir s’installer au cœur de la péninsule ibérique.

L’écrivain, né au Chili en 1949, s’investit dès son plus jeune âge dans la vie politique de son pays. Proche du président Allende, Luis Sepúlveda se retrouve rapidement en prison quand Pinochet arrive au pouvoir. C’est grâce à l’intervention d’Amnesty International qu’il échange ses vingt-huit années d’emprisonnement contre huit ans d’exil en Suède. Mais au lieu de se plier aux règles imposées par un gouvernement dictatorial, il prend l’avion pour Buenos Air. De là, il sillonnera en long et en large l’Amérique du Sud avant de s’envoler pour l’Allemagne en 1982. Dix ans plus tard, il publiera son premier roman, Le vieux qui lisait des romans d’amour. Écrit sous la forme d’un conte, son livre laisse déjà percevoir l’attachement sincère de Luis Sepúlveda pour la cause écologique. C’est la naissance d’un écrivain engagé.

Luis Sepúlveda : un écrivain engagé

Dans son recueil intitulé Une sale histoire, Luis Sepúlveda écrivait « Il est dit que tout homme doit découvrir quelque chose qui justifie sa vie ». Si son soudain décès est une affliction, il peut se targuer de s’être tenu à son mantra tout au long de sa vie. Pas de temps mort pour le militant engagé pour la cause de ceux qu’il appelle les « perdants ». Jamais il n’hésitera à prendre sa plume aiguisée pour dénoncer les régimes totalitaires d’Amérique du Sud. Aux côtés des sandinistes, de l’UNESCO puis de Greenpeace, l’auteur chilien n’aura cessé de s’investir pour des causes sensibles et humanistes.

Une vie aussi épique ne pouvait que se refléter dans son œuvre littéraire. Sa sensibilité n’aura d’égale que son énergie à la réalisation de son dessein. Oscillant souvent entre désenchantements et espoirs, Luis Sepúlveda gardera une plume acérée jusqu’à la fin. Pourtant, son écriture pouvait aussi être empreinte d’une poésie imagée. Son éditrice, Anne-Marie Métailié, dans des propos rapportés par France Inter, ne manque d’ailleurs pas de souligner que l’auteur chilien était un conteur né. Il savait séduire tous les publics. Son dernier livre, Histoire d’une baleine blanche, paru en 2019, s’en fait la preuve irréfutable. Au travers de ce livre pour enfants, Luis Sepulveda prouvait, pour la dernière fois, que la lutte pour la sauvegarde de l’environnement pouvait se raconter au travers d’un conte merveilleux…

Les livres à lire absolument de Luis Sepúlveda

Le vieux qui lisaient des romans d’amour

Fable écologique, le livre plus célèbre de Luis Sepúlveda s’éloigne de tout manichéisme ou d’angélisme. Pour Antonio José Bolivar, la lecture est un remède à la vieillesse. Et plus précisément, les romans d’amour ! Depuis qu’il a compris que les livres pouvaient le sauver de la brutalité du monde, il se cache dans sa cabane au bord d’un fleuve. Mais bientôt, sa quiétude est troublée par le maire qui vient demander son aide…

Tandis que les hommes se font tuer par les animaux féroces de la forêt amazonienne, Antonio est appelé à ramener l’ordre, à rétablir un équilibre. Mais ce que les hommes ne comprennent pas, c’est qu’ils sont attaqués à cause de leur ignorance et de leur irrespect. Avec son roman phare, Luis Sepúlveda signe une fable enchanteresse où la beauté de la nature se mêle à la cruauté humaine, où la vanité et la cupidité est confrontées à l’humilité d’un homme qui fuit la barbarie des hommes. En bref, l’écrivain chilien délivre un message empreint d’humanité et de poésie qui se veut un subtil avertissement écologiste.

Le bout du monde

Avec Le bout du monde, Luis Sepúlveda met avant l’un des personnages phares de sa littérature : la baleine. Alors que son héros âgé de 16 ans est en pleine lecture de Moby Dick, le chef-d’œuvre de Hermann Melville, il décide de partir à la chasse à la baleine à son tour. Il se fait alors engager comme aide-cuisinier sur un baleinier. Une aventure qui se transformera bientôt en voyage initiatique et qui marquera sa vie à tout jamais…

Mais l’histoire ne s’arrête pas là… Luis Sepúlveda reprend son récit 20 ans plus tard, à Hambourg, où nous retrouvons notre jeune héros – enfin plus si jeune que cela. Désormais journaliste, il enquête sur le naufrage d’un bateau pirate japonais dans les mers du Sud. Et là entre en course la dimension du thriller écologique… Parce que plus que mener l’enquête sur ce fait divers, ce héros qui n’a pas de nom – comme celui de Moby Dick – va dénoncer les massacres des animaux des océans

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