La carte postale d’Anne Berest remporte le prix Goncourt version américaine

Après un succès national remarquable et une polémique dans le milieu littéraire parisien, La carte postale ne comptait pas en rester là ! Parti à la conquête de l’Amérique, le livre d’Anne Berest a remporté le premier prix Goncourt américain ce samedi 30 avril à New York.

Incontournable des prix littéraires français, le prix Goncourt rayonne désormais à travers le monde entier ! En effet, depuis quelques années, le prix Goncourt s’est internationalisé dans plus de 25 pays, dont les États-Unis ! Pour ce faire, des étudiants en littérature française et francophone de Yale, Princeton, Harvard, New York et Duke se sont intéressés de près à la deuxième sélection du prix Goncourt 2021 afin de récompenser leur auteur favori. Pour rappel, en France, c’est La plus secrète mémoire des hommes de Mohamed Mbougar Sarr qui avait remporté le prestigieux sésame en novembre dernier.

Mais, ce samedi 30 avril, pour la toute première fois, c’est La carte postale d’Anne Berest qui a fait l’unanimité auprès du jury et qui décroche donc le premier le « Choix Goncourt United States ». Déjà lauréat du prix Renaudot 2021, La carte postale part à la conquête de l’Ouest et ouvre les yeux des Américains « qui ne connaîtraient pas en détail l’histoire de la collaboration en France » selon Léa Jouannais, doctorante de Yale et membre du jury.

Au cœur des tourments lors de la rentrée littéraire de septembre 2021, alors que Camille Laurens, jurée du prix Goncourt, écrivait une critique sévère du livre d’Anne Berest pour mieux défendre Les enfants de Cadillac de François Cadillac, le livre de son compagnon, La carte postale a, enfin, trouvé la gloire littéraire. Rappelons-le, cette décision non objective de la part de Camille Laurens avait écarté les deux livres de la compétition littéraire et valu une nouvelle règle au prix Goncourt : les ouvrages des conjoints, compagnons ou proches des membres du jury ne peuvent, désormais, plus espérer concourir.

La carte postale d’Anne Berest : une enquête familiale

La carte postale d’Anne Berest, c’est l’histoire d’une carte postale anonyme arrivée au milieu des cartes de vœux en 2003. À la fois intrigante et énigmatique, cette carte postale de l’opéra Garnier comporte cinq noms : ceux des grands-parents de la mère d’Anne Berest, de sa tante et de son oncle, tous décédés à Auschwitz en 1942. Délaissée pendant près de vingt ans, c’est à la suite d’un événement familial qu’elle décide enfin d’élucider le mystère entourant cette missive. Pour Anne Berest, c’est le début de la reconquête de son passé.

Une histoire familiale, passée sous silence, barricadée dans le mutisme maternel, qui l’amène à se questionner sur sa propre identité juive. Avec une justesse déconcertante et une émotion tangible, Anne Berest reconstitue, petit à petit, le puzzle de son passé, décortiquant comment, insensiblement, l’idéologie nazie meurtrière s’est imposée avant que le piège, savamment orchestré, se referme sur les millions de victimes de la Shoah… Un livre bouleversant construit à la manière d’un polar qui redonne un nom et une voix aux martyres oubliés et effacés de l’Histoire par la folie d’un homme retors qui, encore aujourd’hui, ébranle quiconque cherche à en comprendre les rouages impénétrables…

Laisser un commentaire