Né le 21 juillet 1899 à Oak Park dans l’Illinois aux Etats-Unis, Ernest Hemingway est l’un des auteurs phares du 20ème siècle. Écrivain reconnu, héros de guerre et reporter de talent, son œuvre et sa vie continuent de fasciner les littéraires d’aujourd’hui. Pourtant, c’est un homme torturé qui se cachait derrière cette figure mythique. A-t-il été victime de sa propre légende ? C’est que nous avons essayé de découvrir…
En s’expatriant à Paris, Ernest Hemingway rejoint le courant de la Génération Perdue. Contribuant à faire de la Ville Lumière un des pôles intellectuels majeurs du début du 20ème siècle, les écrivains de ce mouvement unissent leur voix pour raconter l’indicible et ses conséquences aussi psychologiques que désastreuses. Profondément marqués par la guerre, ils décrivent à travers leurs œuvres les mutations sociales et morales qu’ils ont observées en Amérique après la Grande Guerre.
Parmi ces écrivains, nous retrouvons Francis Scott Fitzgerald, Ezra Pound ou encore Gertrude Stein. D’ailleurs, il semblerait que ce soit à cette dernière que l’on doit le nom de ce mouvement : « C’est ce que vous êtes… C’est ce que vous êtes tous… Vous, tous les jeunes qui ont servi pendant la guerre… Vous êtes une génération perdue ». Il n’en fallut pas plus à Ernest Hemingway pour en faire l’épigraphe de son célèbre roman Le soleil se lève aussi.
Tributaire de sa jeunesse chaotique, Ernest Hemingway était persuadé que pour être un bon écrivain, il fallait avoir subi les affres de la vie… D’ailleurs, il n’hésita pas à le coucher noir sur blanc « Ce qui peut arriver de mieux à un écrivain, c’est de vivre une enfance malheureuse ». Le génie littéraire puiserait-il donc son essence dans le tragique ? C’est une excellente question qui mériterait une longue réflexion. Mais ce n’est pas le sujet du jour, enfin pas totalement…
Ernest Hemingway et Grace Hemingway : une relation compliquée
Si Ernest Hemingway n’a pas hésité à dédier une de ses nouvelles à son paternel, Père et fils, il entretenait une relation plus conflictuelle avec sa mère, Grace. Ancienne cantatrice, il lui tenait à cœur que ses enfants apprennent à jouer d’un instrument, mais cela ne semblait pas être au goût du petit Ernest… Et puis, en dehors des leçons de violoncelle, c’est surtout sa façon de jouer à la poupée avec lui qui l’horripilait au plus haut point.
La diva s’amusait à l’habiller en fille et refusait de lui couper les cheveux, ce qu’Ernest Hemingway ne lui pardonnera jamais. Il ira jusqu’à la qualifier d’égoïste et d’hystérique. Cependant, si l’on se fie aux propos de son biographe, Michael Reynolds, leur relation était un peu plus complexe et profonde qu’il n’y paraît de prime abord. Si Hemingway n’a jamais caché son aversion pour le comportement de sa mère, il lui aurait quand même été reconnaissant de l’éducation qu’elle lui a donnée. Ses leçons de musique lui auront été très utiles au moment d’élaborer la structure musicale de Pour qui sonne le glas. Et pour ça, il saura lui montrer une certaine reconnaissance.
Hemingway était un globe-trotteur invétéré
Si, grâce à Paris est une fête, tout le monde sait qu’Ernest Hemingway a passé quelques années de sa vie dans la capitale française, c’est loin d’être la seule ville en dehors des États-Unis que l’auteur a foulés de ses pieds. Après la France, c’est à Cuba qu’il s’établira. C’est d’ailleurs là-bas qu’il écrira Le vieil homme et la mer, prix Pulitzer de l’année 1953.
S’il a accompli des actes héroïques en Italie pendant la Première Guerre mondiale, l’auteur cosmopolite a également passé quelque temps en Espagne. C’est là-bas qu’il observa la guerre civile qui l’inspira pour son roman, Pour qui sonne le glas. N’oublions pas de mentionner qu’il a aussi vécu quelques mois au Canada avant son départ pour la France. Son premier fils, Jack, verra d’ailleurs le jour à Toronto. Il ne retournera aux États-Unis, dans l’Idaho, qu’en 1959 soit deux ans avant son décès.
Ernest Hemingway était le roi des cocktails
Comment parler d’Ernest Hemingway sans évoquer sa passion pour l’alcool ? Eh oui, ce n’est pas un hasard si de nombreux bars ont choisi pour nom Hemingway. De Cuba à la République tchèque en passant par la France, le nom du prix Nobel de littérature 1954 fait recette ! Cependant, si vous décidez de vous rendre en Floride sur les traces de votre écrivain préféré et que vous faites un détour par le Sloppy Joe, soyez vigilants ! Cet attrape-touriste vous proposera volontiers un Papa Doble, le cocktail préféré de l’auteur sauf que… Les barmen le composent de rhum et de Red Bull ! Corrigez-nous si on fait erreur mais, selon nos sources, le Red Bull a fait son entrée dans le commerce à partir de l’année 1987… Or Hemingway est décédé en 1961…
Pour ne pas vous faire avoir, peut-être vous laisserez-vous tenter par un Bloody Mary ? Avec modération, cela va de soi ! « La plupart des écrivains sont des poivrots » disait Hemingway et ce n’est sa quatrième épouse qui dira le contraire ! Mary Welsh Hemingway avait une sainte horreur de l’amour que portait son mari à l’alcool, elle lui faisait donc régulièrement des scènes. Pour échapper à cette « bloody Mary » (comprenez satanée Mary), l’écrivain aurait donc demandé à son barman de lui concocter un mélange inodore. Et c’est ainsi qu’est né le célèbre cocktail au nom de Bloody Mary.
Ernest Hemingway aurait écrit un roman en six mots
Les anecdotes autour d’Ernest Hemingway sont nombreuses, mais celle-ci est sûrement l’une des plus amusantes. On dit souvent que les meilleures histoires sont les plus courtes. Qu’à cela ne tienne, aussitôt dit, aussitôt fait ! Alors que l’écrivain se trouve dans un bar (étonnant n’est-ce pas ?) avec des amis, ces derniers lui lancent un défi : celui d’écrire une histoire en six mots avec un début, un milieu et une fin. Et c’est ainsi que vit le jour For sale : baby shoes, never worn (À vendre : chaussures bébé, jamais portées).
Et Hemingway n’en était pas peu fier puisqu’il aurait déclaré que c’était la meilleure histoire qu’il avait jamais écrite. Si les lecteurs n’y voient là qu’une petite annonce parmi tant d’autres, son pouvoir d’évocation est incommensurable. Cependant, petit hic ! Si l’histoire est belle, il est possible qu’elle ne soit qu’une légende. En effet, si ce roman en six mots aurait été écrit dans les années 20, personne n’en a jamais fait mention avant l’année 1991… La légende prend fin quand le Quote Investigator se décide à enquêter. La conclusion de leurs recherches est sans appel : Hemingway n’a pas écrit cette histoire. Mais, finalement, cela a-t-il vraiment de l’importance ? Hemingway n’aurait-il pas été capable de l’écrire ?
Gloria Hemingway : l’étonnante histoire du fils d’Hemingway
Si Ernest Hemingway avait des relations conflictuelles avec sa mère, il en avait également avec son fils. Hemingway et sa femme de l’époque, Pauline Pfeiffer, voulaient une fille mais ils ont eu un garçon, Grégory. Ils le surnommaient « Gigi » et l’habillaient volontiers en fille. Mal dans sa peau, le jeune homme grandit dans un entre-deux. Il devient médecin, se marie et aura huit enfants mais peu importe les années qui s’écoulent, il se sent toujours aussi femme. Décidant d’écouter ce que son cœur lui dicte, il se fait opérer pour devenir une femme en 1995 et commence à se faire appeler Gloria en diverses occasions. Il mourra en prison après avoir été arrêté pour attentat à la pudeur. Tous les journaux le citeront sous le nom de Gregory sauf le New-York Times qui préféra utiliser le prénom qu’il avait décidé de porter à la fin de sa vie.
Paru aux éditions Flammarion, le 8 janvier dernier, Le secret d’Hemingway de Brigitte Kernel nous raconte justement la vie de Grégory – alias Gloria – et les relations compliquées qu’il entretenait avec son père. C’est avec beaucoup d’émotion et de délicatesse que Kernel brosse un portrait dramatique de la vie du dernier fils du célèbre écrivain. En abordant le thème de la différence, l’autrice met des mots forts sur l’amour et l’insoutenable. Une biographie romancée à lire absolument pour découvrir les secrets de la fille mais aussi du père…
La malédiction Hemingway
Dans Le secret d’Hemingway, Brigitte Kernel écrit « Ils ont dit que chez nous, les Hemingway, de génération en génération, tout le monde se tuait ». La phrase est frappante et éloquente. La famille Hemingway est-elle victime d’une malédiction sordide ou y a-t-il une explication médicale à cette série de suicides ? Ernest Hemingway avait 29 ans quand son père a mis fin à ses jours et, prostré, il déclarera « je m’attends à partir de la même façon ». Et c’est exactement ce qu’il s’est passé…
Mary Welsh Hemingway, sa dernière épouse, s’entêtera à dire que c’était un accident, que son mari était en train de nettoyer son arme quand l’impensable s’est produit, mais la réalité était toute autre… Et loin de s’arrêter avec la mort d’Ernest, la terrible malédiction continue de frapper la famille. En effet, la sœur, le frère et l’une des petites-filles de l’écrivain se donneront également la mort. Pour Ernest Hemingway, les choses devaient se passer ainsi. Il s’enfonçait dans la dépression depuis qu’il avait remporté son prix Nobel de littérature. Pour lui, c’est précisément ce qui a tué son génie littéraire. L’auteur américain a-t-il été victime de sa propre légende ? Peut-être… Mais ce qui est sûr, c’est que nous sommes encore loin d’avoir percé tous les mystères de la vie de cet écrivain désormais mythique.