Prix Nobel de littérature 2020 : Louise Glück et sa poésie saluées par l’Académie Suédoise

Alors que l’Académie suédoise avait récompensé des auteurs européens ces cinq dernières années, c’est une poétesse américaine qui, ce 8 octobre, a décroché le prix Nobel de littérature 2020. Et c’est ainsi, qu’en un tour de prix littéraire, Louise Glück, une autrice relativement discrète sur la scène mondiale, a vu son œuvre entière reconnue aux yeux du monde entier.

Son nom vous est sûrement inconnu et c’est tout à fait normal, Louise Glück s’est toujours faite très discrète sur la scène internationale. En effet, son œuvre a très peu été traduite dans la langue de Molière et pourtant…! Lauréate du prix Pulitzer en 1993 pour son recueil The wild of Iris – dont certains poèmes ont été traduits en français dans la revue Po&sie – et du National Book Award pour The triumph of Achilles en 2014, l’autrice américaine est loin d’en être à son coup d’essai. Mais, désormais, c’est pour sa « voix poétique caractéristique, qui avec sa beauté austère rend l’existence individuelle » qu’elle sera mondialement reconnue. En bref, elle a réussi à faire valoir son Art en décrochant l’un des prix littéraires les plus prestigieux au monde : le prix Nobel de littérature 2020.

Louise Glück : prix Nobel de littérature 2020

Depuis 1901, le prix Nobel de littérature récompense l’œuvre d’un écrivain qui « a fait preuve d’un puissant idéal » selon les mots d’Alfred Nobel. Si l’idéalisme recherché par le fondateur de l’Académie suédoise est sujet à de nombreuses polémiques (certains écrivains se seraient retrouvés évincés des sélections à cause de leurs œuvres jugées trop pessimistes comme Léon Tolstoï, Emile Zola, Virginia Woolf, Jack London, Henry James ou Thomas Hardy), la cérémonie continue de battre son plein, année après année, dans le plus grand des secrets. En effet, vous l’aurez remarqué, aucune liste n’est dévoilée avant la remise du prix et, chaque année, les spéculations vont bon train…

Et ces derniers mois, on peut dire que le jeu des devinettes a enflammé les médias qui imaginaient déjà Margaret Atwood, Anne Carson, Maryse Conde ou encore Haruki Murakami distingués par le prestigieux prix littéraire. Mais il en fut tout autrement ! On dirait bien que l’Académie suédoise aime se jouer des prédictions. Ainsi, après avoir sacré de manière inattendue, Peter Handke et Olga Tokarczuk, l’automne dernier, elle a une fois encore décidé d’aller à contre-courant en illustrant, Louise Glück.

Prix Nobel de littérature 2020 : une distinction ancrée dans l’air du temps

Avec Louise Glück, le prix Nobel de littérature compte désormais 16 femmes récompensées pour l’ensemble de leurs œuvres. Cependant, ne nous réjouissons pas trop vite ! Sur les 113 prix Nobel de littérature décernés, seules 15 femmes s’étaient illustrées jusque-là ! Mais après le scandale qui jeta une ombre sur la prestigieuse Académie suédoise en 2017, il fallait à tout prix qu’elle redore son image… Colportée en plein milieu de l’effervescence du mouvement #MeToo, la condamnation pour viol de Jean-Claude Arnault, époux d’une académicienne, est loin d’être passée inaperçue. D’ailleurs, l’Académie ne s’en est d’ailleurs toujours pas vraiment relevée… Stratégique ou pas, Louise Glück peut être fière de représenter la gent féminine dans une académie encore majoritairement masculine.

Aujourd’hui âgée de 77 ans, Louise Glück a commencé sa carrière de poétesse à la fin des années 60. Influencée par les écrits d’Emily Dickinson, de Rainer Maria Rilke mais aussi par la mythologie, elle refuse toute forme de stigmatisation que ce soit pour son sexe, ses croyances ou son identité. Elle suit son propre chemin et choisit d’ancrer ses écrits dans ce qu’elle appelle « l’entre-deux ». Sa prose poétique s’en va alors puiser dans l’onirisme et l’intimité, le féminin et le vivant afin d’explorer et de traduire les sentiments humains les plus douloureux. Reconnue par la critique américaine, Louise Glück reste une poétesse solitaire, fouillant les tréfonds de l’âme humaine, en passant par la douleur et le chagrin, pour tenter de trouver sa vérité « c’est une chose terrible que de survivre comme conscience enterrée dans la terre sombre ». Une vérité universelle sur laquelle ne pèse plus aucun préjugé.

Traduite en espagnol, en allemand et en suédois, Louise Glück a seulement fait l’objet de quelques traductions françaises publiées dans des revues spécialisées. Mais, depuis l’obtention du prix Nobel de littérature 2020, la poétesse a été traduite chez Gallimard. Vous pouvez, désormais, vous délecter des recueils intitulés L’iris sauvage et Nuit de foi et de vertu

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