Entrepreneur dans la diversité et l’inclusion, Maxime Ruszniewski est également un auteur et journaliste engagé dans la lutte pour l’égalité entre hommes et femmes. Pour vous aider à appliquer quotidiennement des petits riens qui changent les choses, il vous dévoile quelques conseils concrets à travers son livre, Petit manuel du féminisme au quotidien… Entretien.
Ancien collaborateur d’Yves Calvi sur RTL, ancien journaliste au Grand Journal de Canal+ et ancien conseiller de Najat Vallaud-Belkacem au ministère des Droits des femmes, Maxime Ruszniewski a également co-fondé la Fondation des femmes dont il a été administrateur pendant deux ans. Aujourd’hui à la tête d’une solution d’accompagnement sur les sujets de diversité et inclusion, Maxime Ruszniewski a réuni toutes ses expériences dans son livre, Petit manuel du féminisme au quotidien, afin d’aider ses lecteurs à se détacher des automatismes sexistes, patriarcaux et inégalitaires dans lesquels nous avons tous grandi… presque malgré nous.
Bonjour Maxime Ruszniewski et merci d’avoir accepté de répondre à nos quelques questions !
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Voyez-vous Petit manuel du féminisme au quotidien comme la concrétisation du travail de toute votre vie ?
De toute une vie peut-être pas, mais la concrétisation de 11 ans d’engagement, certainement ! Après avoir été au conseiller ministère des droits des femmes, cofondateur de la Fondation des femmes, et désormais entrepreneur sur les sujets Diversité et Inclusion, j’ai pensé que mes différences expériences pouvaient contribuer à ce chemin vers l’égalité.
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Pourquoi avoir eu envie de donner des pistes de réflexion sur le féminisme maintenant ? Quel a été l’élément déclencheur qui vous a donné envie de mettre en page vos convictions ?
Le déclencheur, ce sont les femmes et les hommes autour de moi. Beaucoup se posent des questions avec sincérité sur l’ampleur des inégalités entre les femmes et les hommes, sur les rapports humains, notamment depuis la déflagration #Metoo. C’est pour cette raison que ce bouquin prend la forme d’un question/réponse très facile d’accès, pour apporter des clefs faciles à mettre en pratique.
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Pourquoi 30 pistes d’action et pas plus (ou moins) ?
J’aurais pu en écrire bien plus en effet ! Mais j’ai pensé que le format était le bon pour toucher un lectorat qui ne voulait peut-être pas s’attaquer à un pavé de 500 pages ! Et puis ces questions sont vraiment celles qu’on me pose le plus souvent.
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Comment trouver sa place en tant qu’homme dans le mouvement féministe ?
En restant à sa juste place : sans prendre la place d’une femme, mais en s’affirmant comme féministe à part entière. J’ai la conviction que le féminisme se prouve, en actes. Notre genre ne nous donne aucune « présomption de féminisme ». Il ne suffit pas d’être une femme, ou de crier haut et fort qu’on souhaite la fin des inégalités salariales, du sexisme ordinaire, ou encore des violences faites aux femmes, pour se dire féministe. Il faut agir. C’est ainsi qu’on reconnait les authentiques féministes.
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Pour approfondir… De nombreuses féministes nous disent que la société est faite par et pour les hommes et ce, encore aujourd’hui. En tant qu’homme, pensez-vous pouvoir assoir une légitimé sur un sujet aussi controversé ?
Oui la société française (et ce n’est pas la seule) est profondément patriarcale. Mais si elle le demeure, c’est la responsabilité de tous ! Pas seulement des hommes ! Bell Hooks – féministe radicale noire américaine – l’écrit très bien dans La volonté de changer. J’ajoute à cela que beaucoup d’hommes, et j’en fait partie, ne se reconnaissent pas dans cette définition viriliste de la masculinité. J’ai par exemple fait moi-même les frais du patriarcat en me faisant traiter de « tapette » lorsque j’étais enfant dans la cour de récréation, car je ne correspondais pas au petit garçon bagarreur. Pour autant, je reste une personne privilégiée, car je suis un homme. J’en suis conscient.
La masculinité doit être réinventée. C’est aussi comme cela que nous vaincrons le patriarcat.
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Que pensez-vous du féminisme radical ? Selon vous, faut-il aller aussi loin pour faire bouger les choses ?
Si la radicalité c’est descendre dans la rue pour demander l’égalité des droits, alors oui, je pense que le féminisme dit « radical » est nécessaire. Sans ces militantes, ces activistes, les femmes d’aujourd’hui n’auraient pas le droit de vote, ni l’IVG, ni même celui de porter un pantalon ! Tant que la radicalité n’attaque ni l’intégrité des personnes, ni des biens, elle ne me gêne pas. Comme je le rappelle dans le livre, le féminisme est l’un des courants les plus pacifistes qui soient ! L’image de la féministe hystérique et violente est une pure invention pour mieux décrédibiliser le mouvement.
Je pense aussi que le féminisme doit varier ses formes d’action. À mon niveau, je travaille sur une approche très vulgarisatrice du féminisme, comme je le fais dans ce livre ou à travers les parcours de formation de ma société Remixt.
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Selon vous, une égalité hommes/femmes est-elle possible dans un futur proche ?
Oui, je suis optimiste car les nouvelles générations sont plus exigeantes. Mais je reste sur mes gardes : les progrès récents sont encore timides. Et les violences faites aux femmes ne baissent pas.
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Avez-vous quelques conseils à donner à nos lecteurs pour les aider à combattre les stéréotypes patriarcaux au sein du foyer, de l’éducation et du travail ?
Ne rien laisser passer, en commençant par observer les inégalités : à la maison, est-ce que les femmes, les filles ne passent pas plus de temps sur les tâches ménagères ou les tâches ingrates comme débarrasser la table ? Au travail, qui fait le café à chaque réunion de service ? Comment la parole est-elle distribuée ? Vouloir l’égalité demande aussi du courage : il faut agir en tant que témoin : ne pas laisser passer la moindre «blague » sexiste à la machine à café ou l’arrêt de bus. Ça n’est pas toujours simple ; mais on peut se faire aider, accompagner. Pour ne pas agir seul quand on ne le sent pas.
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Selon vous… comment être un homme féministe aujourd’hui ?
En conformant les paroles aux actes, tout simplement.
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Des livres féministes à nous conseiller ?
- La volonté de changer de Bell Hooks.
- Je suis une sur deux de Giulia Fois
- Faire je(u) égal. Penser les espaces à l’école pour inclure tous les enfants d’Edith Maruéjouls
- Le mythe de la virilité d’Olivia Gazalé
Propos recueillis par Manon De Miranda.