Vous ne savez pas encore quel livre glisser dans vos valises à l’approche du départ en vacances ? Pas de panique ! L’Académie Goncourt se propose de vous aider. Avec sa liste des 10 livres à lire cet été 2022, vous trouverez forcément celui qui vous convient 😎 Découvrons-les ensemble, voulez-vous ?
Chaque année, l’Académie Goncourt propose à ses lecteurs une liste de 10 livres à lire en été. Vous l’aurez compris, 2022 n’échappera pas à la règle ! Si vous n’y trouverez pas La plus secrète mémoire des hommes de Mohamed Mbougar Sarr, prix Goncourt 2021, vous y dénicherez tous les derniers coups de cœur littéraires des membres du jury du prestigieux prix Goncourt. Et on peut vous dire que tous les genres y sont représentés : du roman noir à la comédie humaine en passant par l’autobiographie, il y en a vraiment pour tous les goûts…
Coda de Jacques Drillon
Avant qu’il nous quittât à l’âge de 67 ans dans la nuit du 25 décembre dernier, Jacques Drillon a tout juste eu le temps de signer le bon à tirer de son ultime livre : un essai autobiographique musical qui fait suite à son livre intitulé Cadence. Fil conducteur de la vie de Drillon – lui-même auteur pianiste, chanteur et transcripteur, la musique fait battre les pages de Coda. Et tout cela sans jamais perdre son sens de l’humour !
À la fois drôle, féroce, tendre, insolent, érudit et même salace, il nous brosse un portrait de lui-même sur mesure. En effet, Jacques Drillon se dévoile, sans aucun filtre, et nous confie ses goûts et ses dégoûts, ses obsessions, ses idées folles et ses lubies. De son passage à France-Musique au Nouvel Observateur, en passant par Le Monde de la musique, il décrit son refus d’accorder sa partition avec l’autorité et chante son besoin de liberté avec candeur. Parce que finalement, c’était ça Jacques Drillon, un dandy aussi mélodieux que rebelle…
Le mage du Kremlin de Giuliano da Empoli
En plein cœur d’une actualité brûlante, Le mage du Kremlin, premier roman de Giulia da Empoli, nous offre une analyse des mécanismes qui ont permis l’ascension de Vladimir Poutine au pouvoir. Un livre de l’été pour le moins original, on en convient, mais qui vous permettra de mieux comprendre comment la manipulation de l’information est devenue le cœur du système politique russe. Bien que les personnages et les dialogues sortent de l’imagination de l’auteur italien, les faits historiques évoqués sont bien réels.
Tout commence avec Vadim Baranov, celui qu’on l’appelait le « mage du Kremlin »… Metteur en scène et producteur d’émission de téléréalité, il devient l’éminence grise de Poutine et transforme le pays en véritable théâtre politique avant de démissionner subitement de son poste. Depuis lors, les rumeurs et les légendes se multiplient… jusqu’au jour où il confie son histoire au narrateur de ce livre… Un roman historique aussi glaçant qu’apocalyptique !
Les innocents de Mahir Guven
Sur un tout autre ton, les membres de l’Académie Goncourt vous proposent de plonger dans Les innocents, une comédie humaine contemporaine originale qui brosse le portrait des jeunes Français issus de la classe moyenne. Une épopée de l’enfance qui oscille entre le grave et le comique puis entre la légèreté des premières et l’examen de conscience d’un homme devenu adulte. Alors que Noé Stéphan est en garde à vue, désespéré après avoir été accusé d’être responsable de la mort de l’un de ses amis qui avait roué de coups sa femme, il tente de fuir. Mais quand sa tête heurte violemment le sol durant la manœuvre, il perd ses esprits et se retrouve devant le tribunal de sa conscience dont la juge est sa mère.
Les figures de son enfance commencent alors à défiler devant ses yeux… Les premières fois et les premiers amours se succèdent dans un monde où Noé n’a aucune image paternelle pour le guider. Désormais au seuil de l’adolescence, il doit apprendre à construire une masculinité dans un monde régi par la violence. En bref, un roman aussi cocasse que poignant qui donne une voix à tous ceux qui sont nés du « mauvais côté ».
Chateaubriand à Saint-Tropez de Judith Housez
Voilà un titre qui chante l’été ! Bienvenue à Saint-Tropez où une troupe étrangement composée de professeurs, de romancières en herbe, d’académiciens, d’écrivains à succès et de Tropéziens d’adoption a pris ses quartiers d’été pour assister à un colloque sur Chateaubriand et l’amour. Dans le village balnéaire le plus célèbre du monde, le huis clos littéraire résistera-t-il aux sirènes du désir, à l’appel des paillettes alors que les Gilets jaunes menacent la paix ? Le cocktail organisé par le propriétaire du mas Horatia s’annonce explosif !
Vous l’aurez compris, Chateaubriand à Saint-Tropez est une comédie irrésistible où le souffle, la vie d’aventure et le style époustouflant de Chateaubriand s’invitent entre chaque ligne afin de révéler quelques secrets bien enfouis. Un roman fantaisiste, des personnages en quête de sens, d’amour et de reconnaissance… En bref, un livre qui vous promet de vous faire passer un été inoubliable !
Wonder Landes d’Alexandre Labruffe
À travers Wonder Landes, c’est une incroyable histoire de famille que nous conte Alexandre Labruffe avec beaucoup d’originalité. L’histoire de sa famille où, au fil des ans, le flou est devenu la norme. Une famille déjantée dont il va nous partager le quotidien durant une année. Une année difficile et morcelée puisqu’il regarde, impuissant, son père être emporté par la maladie tandis que son grand frère est incarcéré.
Alors que les raisons du départ de son père lui échappent, l’auteur se met en tête de comprendre le comportement de son frère. Le voilà alors qu’il se lance dans une sorte de psychanalyse personnelle en décortiquant les excentricités de cet homme profondément mal dans sa peau. Mais bien plus qu’une simple psychanalyse littéraire et familiale – traduite dans le texte à coup de symboles et de phrases courtes, Wonder Landes, c’est avant tout une déclaration d’un homme à son grand frère. Parce qu’en choisissant d’écrire sur la folie de son frère, Alexandre Labruffe tente de lui redonner la part d’humanité que plus personne ne veut lui accorder…
Le silence d’Ingrid Bergman de Denis Lachaud
Si vous avez envie de frissonner cet été alors ce livre est fait pour vous, mais attention… âmes sensibles s’abstenir ! Avec Le silence d’Ingrid Bergman, c’est un roman noir que nous donne à lire Denis Lachaud. Porté par des personnages envoûtants, ce livre vertigineux regorge de tous les ingrédients nécessaires à la création d’une atmosphère aussi inquiétante qu’oppressante… L’histoire commence alors que Lone, une jeune danoise de 14 ans, est enlevée dans les Landes près du camping elle passait ses vacances avec ses parents.
Son ravisseur l’enferme dans une cage installée dans le sous-sol pour mieux la violer, chaque matin, avant d’aller travailler et la renomme Ingrid Bergman. Cinq ans plus tard, après la naissance de leur fille, il décide de l’installer au rez-de-chaussée derrière une ligne blanche tracée sur le sol. Quarante ans plus tard, alors que le ravisseur a une crise cardiaque, Lone attend toujours sagement derrière la ligne blanche… Loin d’user des tenants et aboutissants des thrillers classiques, Le silence d’Ingrid Bergman raconte, avant tout, l’histoire d’une femme brisée à qui on a volé sa liberté, son identité, son enfant et toute sa vie…
Antipolis de Nina Leger
Antipolis, c’est l’histoire de la naissance d’une ville, celle de Sophia-Antipolis. Une technopole souvent considérée comme la Silicon Valley française. Mais si l’on est vraiment honnête, Antipolis, c’est surtout l’histoire d’un homme qui voulait montrer l’étendue de son amour à une femme. Et ainsi naquit cette incroyable épopée urbanistique ou l’utopie d’un homme devenue réalité. Mais l’intérêt de Nina Leger est ailleurs…
En effet, à travers son roman, qui entremêle habilement réalité et fiction, elle a pour dessein de réparer le passé. Parce que pour construire sa ville, Pierre Laffitte a démantelé le camp de la Bouillide où vivaient des familles de harkis, les Algériens qui ont servi l’armée française lors de la guerre d’Algérie et désormais relégué à la protection du plateau de la Valbonne contre les incendies. En s’attachant à six personnages fictifs ou réels, Nina Leger remonte le temps au travers des liens amoureux, filiaux et amicaux noués autour de Sophia-Antipolis. En bref, Antipolis incarne les histoires irréconciliables d’une cité qui se voulait pourtant idéale…
La poule et son cumin de Zineb Mekouar
En croisant les destins de ses deux personnages, Kenza et Fatiha, Zineb Mejouar s’amuse, entre soumission et transgression, entre tradition et liberté, avec la grande et la petite histoire. Dans cette grande fresque, les blessures et les drames de ces deux jeunes femmes épousent les clivages politiques et sociaux du Maroc contemporain à travers une passion tragique… Unies par une forte amitié, Kenza et Fatiha n’appartiennent pourtant pas au même monde. Fille de la nourrice de Kenza, Fatiha sera bientôt séparée de son amie par la sourde cruauté qu’est la réalité de la société marocaine.
Des années plus tard, en 2011, elles se retrouvent enfin à Casablanca. Que sont-elles devenues ? Que s’est-il passé pendant toutes ces années ? Comment les petites filles avides de liberté qu’elles étaient ont-elles réussi à devenir des femmes au milieu d’un pays qui punit l’avortement et interdit l’amour hors mariage ? Un récit intime et universel, un livre qui donne une voix aux femmes opprimées. Tout simplement bouleversant.
Verdun de Yann Moix
Après Orléans, qui racontait son enfance martyrisée, puis Reims, où l’on suivait ses péripéties en école de commerce, c’est à Verdun que nous retrouvons, cette fois-ci, Yann Moix. Mais que fait-il donc à Verdun nous direz-vous ? Eh bien, son service militaire auquel il participe contre son gré… Et on comprend vite pourquoi ! En effet, le caractère du jeune Yann ne semble pas vraiment compatible avec une institution telle que l’armée. Pourtant, il va bien devoir s’y adapter…
Légèrement moins autocentré que les deux premiers opus de sa série de livres autobiographiques, Verdun brosse le portrait d’une expérience humaine fracassante et de son impact sur ses camarades aussi ordinaires qu’extraordinaires. Entre manœuvres militaires, marches de nuit, feux de camp et inspections, mais surtout, sans jamais se départir de son humanité, de son humour et de son humilité, Yann Moix ne cesse de nous émouvoir et de nous faire rire à chaque nouvelle page…
Vivre à ta lumière d’Abdellah Taïa
Abdellah Taïa ne s’en cache pas… Malika, son héroïne, c’est sa mère. Une femme marocaine que l’on découvre dans le Maroc du milieu des années 50 pour la suivre jusqu’à la mort du roi Hassan II en 1999. Une épouse, une mère, qui passera toute sa vie à se battre contre la pauvreté, le patriarcat et la solitude pour tenter d’exister en tant que femme. D’une écriture ciselée, parfois sèche, presque rageuse, Abdellah Taïa raconte sa mère, cette femme prisonnière des traditions qui rêve de puissance et de justice.
À la fois résignée et en lutte constante contre les injustices, elle avance, chute, mais finit toujours pas se relever. Roman poignant, Vivre à ta lumière aborde l’anticolonialisme, la violence en prison et contre la communauté gay, et surtout la pauvreté. Une pauvreté qui n’a cessé de marquer toutes les générations qui se sont succédé. Un livre bouleversant qui oscille entre colère, désir de revanche et rêve d’affranchissement…