Dans ces courts livres de moins de 100 pages, on pénètre dans un moment charnière de la vie d’une ou d’un ado, on vit un moment difficile ou un questionnement à ses côtés. Chaque titre se veut une façon d’ouvrir les yeux sur un enjeu. Pour ma part, j’ai découvert Au poil par Sophie Adriansen et Ma story par Julien Dufresne-Lamy.
En tant qu’enseignante auprès d’adolescentes et d’adolescents, je suis toujours à l’affut des nouveautés qui frappent, c’est-à-dire des livres qui abordent des sujets un peu plus tabous ou un peu plus difficiles. J’aime les livres qui ne passent pas par quatre chemins et qui expliquent la vie sans édulcorant. Alors, quand j’ai vu passer la collection « La brève » chez Magnard jeunesse, ma curiosité a tout de suite été piquée.
Au poil, une histoire courte pour enfin arrêter de démoniser la pilosité féminine
Ça, c’est le titre que j’avais le plus hâte de lire ! Certes, on en parle de la pilosité féminine (au Québec, il existe d’ailleurs l’initiative #maipoils qui invite les femmes, cis ou trans, ainsi que les personnes non binaires à laisser à leurs poils la liberté de pousser pendant le mois de mai), mais jamais je ne l’avais vu en littérature.
Sophie Adriansen nous permet ici de faire la rencontre d’Omé, une jeune ado qui se fiche de ses poils. Pourtant, sa mère, elle, est dérangée par ceux-ci. Elle la pousse donc à prendre rendez-vous chez l’esthéticienne pour faire disparaitre ces indésirables. C’est après une douloureuse expérience qu’Omé décide de réfléchir à la présence de poils sur son corps. À travers rencontres et recherches, elle en apprendra plus (et nous aussi, par le fait-même !) sur l’évolution de la perception de la pilosité, autant féminine que masculine, ainsi que sur l’utilité de celui-ci.
Ma story ou les dessous de la téléréalité
Ici, Julien Dufresne-Lamy nous plonge dans l’histoire de Castée qui est recrutée pour participer à une téléréalité de survie. En alternance, les chapitres nous permettent de comparer ce qu’a vécu Castée pendant les tournages avec ce qui est montré à la télévision. On comprend rapidement que le montage donne une tout autre perception de ce qui s’est réellement passé, faisant ainsi passer la jeune Castée pour un monstre.
Raconter une histoire courte en moins de 100 pages, c’est possible ?
À mon avis, la mission que s’est donnée cette collection est réussie. Très brèves, ces histoires courtes nous plongent dans un moment clé de la vie d’une ou d’un jeune, un moment qui les fera évoluer et qui fera évoluer le lectorat en même temps. On ne s’emmêle pas dans les détails. Certes, on oublie ici la description profonde des personnages et des lieux. C’est une intrusion toute simple, un clin d’œil. Ce ne sont pas des livres qu’on découvre pour leurs personnages, mais bien pour leur sujet.
Et mon avis ?
Dans l’ensemble, j’ai apprécié les deux romans. Je n’ai pas trop compris le lien entre le titre Ma story et son histoire, et j’ai eu du mal avec le fait que la protagoniste n’a pas ressenti de remords face à ses paroles, mais j’ai aimé la manière dont on nous a fait comprendre que ce qu’on désigne comme de la téléréalité n’est en fait que de la réalité truquée. Au poil serait, entre les deux titres, mon préféré. J’ai apprécié la part historique (quoique cela peut en faire décrocher certaines ou certains) qui m’a permis d’en apprendre plus sur le poil. Bref, deux lectures intéressantes qui me donnent envie de découvrir les autres titres de la collection (Six contre un et Ni prince ni charmant).